Le musée de Tamazret
Le musée berbère de Tamazret, hissé au point culminant du village, au sud-est de la Tunisie, à une dizaine de km de Matmata et une quarantaine de km de Gabès, le Musée berbère est à visiter absolument. Créé en 1999, il a pour but de protéger et valoriser l’artisanat et le patrimoine Amazigh authentique de la région. Y sont exposés : l’architecture du village et l’organisation de l’habitat, l’histoire des religions, les traditions et organisation sociale des Amazigh, les tissages, broderies et tatouages artisanaux. Le fameux bakhnoug y renaît de ses cendres, babouches et bottes amazigh brodées à la main selon les méthodes traditionnelles y sont réalisées par le directeur du Musée lui-même M. Mongi Bouras, châles traditionnels en laine tissés et brodés à la main, colorés avec des pigments naturels. L’épouse du Directeur crée des colliers en skhab (perles de pâte parfumée séchées). Ces merveilles y sont exposées et en vente. Après la visite, il est vivement recommandé de savourer les mets typiques de la région à la table d’hôtes du Musée ( krabbiz berbère).
Situé sur une petite route reliant Matmata et Tamezret, ce musée est un véritable voyage dans l’histoire amazighe et berbère.
A travers les diverses pièces exposées et grâce aux anecdotes et histoires passionnantes contées par Mongi le maître des lieux, les visiteurs replongent dans l’histoire de cette région du pays qui représente à elle seule un bout de la Tunisie.
Dans le village de « Tamezret », une maison qui présente une architecture typique semi-troglodyte horizontale, est transformée en un musée, en même temps la maison a gardé sa morphologie d’origine et son aménagement intérieur comme il est conçu par l’habitant, en ajoutant quelques produits d’artisant pour la vente.
D’ailleurs, le fait de changer la nature d’une maison domestique pour en faire un musée soulève une question principale, comment devrait-elle être conçue et exposée dans un contexte muséal ?
Les éléments constitutifs de la maison sont préservés, la maison était devenue un prototype à conserver dans son ensemble, elle reflète le savoir faire technique, esthétique et conceptuel d’un type architectural adapté aux conditions naturelles et climatiques, intégrant des références religieuses et morales dans son organisation spatiale, cette construction complexe qui présente des grottes creusées dans la montagne et des constructions bâties, met en œuvre des méthodes et techniques architecturales longuement élaborées au cours des millénaires.
La patrimonialisation de la maison musée vise à dévoiler le contenu d’une forme architecturale et un héritage historique distinctif où s’articulent les savoir-faire de plusieurs civilisations dont la culture, la religion et l’ethnie sont différentes, la muséologie de « chez-soi » joue le rôle d’une médiation culturelle pour sauvegarder l’héritage et former de ce lieu un espace à découvrir.
Le rapport entre patrimonialisation et médiation culturelle se distingue du processus qui s’établit entre le patrimoine en tant que représentant d’une culture et le public, ce patrimoine met en valeur les traits particuliers, spécifiques et uniques d’une culture, et les représentations d’une collectivité.
La patrimonialisation suivant une médiation culturelle s’oppose à la destruction ou la disparition de l’identité, ainsi le patrimoine est un témoin historique il protège et illustre les particularités d’une culture, dans cette perspective la médiation culturelle doit jouer le rôle d’une transmission, d’une communication ou une appropriation du savoir, ce rôle peut se perfectionner dans l’espace du musée.
Les musées sont généralement des musées d’arts, d’histoire, de techniques, et de sciences, plusieurs musées ont des vacations spatiales, d’autres temporelle ou thématique, « les musées s’inscrivent aussi dans le temps et dans l’espace et reflètent les valeurs et les courants des sociétés auxquelles ils participent, ils évoluent et leurs réponses ne pourront qu’être temporaires en ce sens qu’ils sont condamnés à une interrogation perpétuelle et à une remise en question de leur mode opérationnel, notamment de médiation et de mise en valeur », la maison musée raconte l’histoire de l’espace vécu, projette les aspirations de son occupant et illustre sa culture.
Dans la maison, les objets surannés ont subi une transformation d’usage, l’objet est devenu une illustration d’une réalité qui témoigne d’une pratique, d’une maitrise technique, d’un style et d’une époque, ces objets de la vie quotidienne sont devenus en fait des médiateurs entre deux réalités, le passé et le présent, c’est un objet signe, objet témoin et un objet patrimoine, mais les objets ne font jamais la médiation sans un discours, une histoire ou une interprétation qui permet les classer dans un contexte qui lui donne sens.
Le « chez-soi » est devenu un objet porteur des significations et des interprétations qui représentent l’identité culturelle, ethnique et religieuse de son manifestant.
On explique les différentes valeurs de « chez-soi », à travers la médiation culturelle, qui est inscrite dans un projet social, elle désigne l’animation et la communication. Mongi Bourasse propriétaire de la maison a converti sa demeure en maison musée, joue lui-même le rôle d’un médiateur culturel, pour faciliter la communication entre les objets et le public, sa médiation culturelle prend la forme d’une médiation pédagogique, il utilise divers moyens pour rendre les objets exposées accessibles.
Le « chez-soi » est devenu un projet patrimonial et muséal qui se transmet non seulement d’une génération à une autre mais plutôt d’une culture à une autre, le choix d’une approche patrimoniale pour exposer le « chez-soi » pourrait être interprété de deux manières, en tant que muséologie d’un espace vécu ou en tant que choix politique et financier, tout dépend du contexte social et culturel dans lequel la maison musée se trouve.
La muséologie de l’espace de « chez-soi » de la maison semi-troglodyte de « Tamezret », se définit comme un processus de création et de restauration de la culture berbère, ce la évoque que ce processus déplore que le politique et le social occupent le premier rang dans les visées de l’établissement de cet espace.
La maison musée s’inscrit dans une agglomération d’habitations semi-troglodytes, se définit comme un lieu de médiation culturelle, un lieu de représentation symbolique qui vise à redéfinir la culture berbère, mais les valeurs de « Chez-soi » sont transformées de l’intimité à l’exposition, de valeur familiale à une valeur patrimoniale, d’un espace privé en un lieu de mémoire collective.